[TEST] Aeterna Noctis – Intensément Plates-Formes, carrément bon

En ce moment, j’ai remarqué un certain phénomène. Rien de bien scandaleux qui mérite de passer dans le JT de 20 heures mais… vous ne trouvez pas vous aussi que beaucoup de Metroidvania s’inspirent grandement de Hollow Knight ? Pas que je remette en question l’importance du jeu de la Team Cherry dans la popularisation du Metroidvania, mais beaucoup de titres du même genre auxquels je joue semblent être des Hollow Knight-bis. La question à se poser est donc de savoir s’il est possible de reprendre divers codes présents dans celui-ci pour en faire un titre qui semble original malgré les divers emprunts. Il semblerait qu’un studio espagnol ait répondu « ¡Sí, por supuesto, Tevania! »… le problème étant que j’ai fait LV2 Italien. Mais qu’importe, parlons de Aeterna Noctis !

Si tu te prends encore une fois pour le rédacteur de ce site, je fais une crise.

Date de sortie : 14 décembre 2021
Développeur - Éditeur : Aeternum Game Studios S.L - Aeternum Game Studios S.L
Supports principaux : PC, Switch, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X
Metroidvania à quel point ? Très fortement, Aeterna Noctis remplit parfaitement les conditions d'un Metroidvania (un monde qui se dévoile de plus en plus à force d'acquérir de nouvelles capacités).
Durée de vie : Entre 25 et 100 heures
Difficulté : Elevée (Aeterna) - Infernale (Noctis)
Prix : 29,99€

LA DIFFICULTÉ

Il semblerait que je sois arrivé après la guerre. Lors de sa sortie, Aeterna Noctis a déçu beaucoup de joueurs à cause d’une difficulté jugée totalement indécente. Il n’en fallut peu pour que l’équipe bosse sur un mode de jeu rendant l’aventure beaucoup plus facile. Les affrontements ? Non ! Plutôt les phases de plates-formes.
Même en difficulté « Normale » (Aeterna), on se rend compte rapidement que le titre se focalise beaucoup sur des challenges de plates-formes exigeants. Il s’agit de sa principale différence avec Hollow Knight, qui lui, n’en proposait qu’assez raisonnablement. Donc que se passe-t-il si vous jouez en difficulté « Difficile » (Noctis, celle qui a donc été prévue de base par les développeurs) ? J’espère que vous avez adoré Celeste, car vous allez en chier comme pas possible.
Dans les grandes lignes, beaucoup plus de pièges, des timings ultra serrés et des piques à foison. Si en Normal, vos morts vont se compter par dizaines. En Difficile, cela peut très facilement atteindre le millier.

Le même passage respectivement en difficulté Aeterna (à gauche) et en difficulté Noctis (à droite). Je vous laisse deviner sur quelle séquence j’ai pleuré comme un gros bébé.

Après réflexion, les reproches des joueurs ne sont pas infondés, le titre de base proposait un challenge très élitiste… un peu trop même ! On est sur du Die & Retry pur et dur dans la difficulté la plus haute, ce qui explique par la même occasion la très grande quantité de checkpoints. La présence d’un mode plus aisé permet alors à un maximum de gens d’apprécier Aeterna Noctis à sa juste valeur sans subir des passages abominablement tordus, tout en gardant une certaine tension. Le simple joueur ou celui qui n’aime pas trop se prendre la tête pourra jouer en Aeterna, tandis que le puriste qui ne jure que par le sang versé après un effort titanesque sera satisfait de la difficulté Noctis. Si c’est trop dur ou simple pour vous, libre à vous de modifier la difficulté n’importe quand sans impact sur votre progression. Peut-être aurions-nous aimer un mode intermédiaire entre les deux (le gouffre de difficulté entre les deux modes est vraiment énorme, je vous préviens), mais c’est du chipotage. L’équipe a dû bosser d’arrache-pied pour une mise à jour modifiant le level-design, sans en bouger la structure initiale et ainsi convenir à tout le monde.

« L’important c’est de toujours progresser malgré l’échec et… ZZZZZZZZZZZZZZZ… » – Tevania

MOI AUSSI J’AIME BIEN ÊTRE SEUL SUR LE TRÔNE POUR COULER UN BRONZE

Vous incarnez durant votre long périple (on parle quand même d’environ 30 heures de jeu voire deux ou trois fois plus si vous jouez en difficulté Noctis) le Roi des Ténèbres, déchu de son trône. Ayant perdu tous ces pouvoirs, ce sera votre mission de le guider à travers un grand monde sombre et désolé pour lui faire récupérer tous ces pouvoirs, et, à terme, revenir au pouvoir. Une trame tout à fait simple qui cache un lore non seulement assez complexe et plaisant à suivre à travers d’occasionnelles cinématiques doublées en français (le reste étant par contre doublé dans une langue inventée). Et puis, ce n’est pas tout le temps qu’on incarne, au final, le bad guy de l’histoire. Notre anti-héros est un personnage plutôt charismatique qui aura tendance à se comporter comme un enfoiré… et aussi briser le quatrième mur en expliquant qu’il faut appuyer sur tel bouton pour exécuter sa nouvelle capacité.

VaniaHero: Cacophony of the Night

En dehors de sa petite épée au départ, vous débloquerez rapidement une petite gamme d’armes différentes. Ma préférée est sûrement la faux, assez lente, elle inflige toutefois de sacrément gros dégâts et a une plutôt bonne allonge. A noter que l’arbre de talents, dont les points de compétences s’obtiennent via le classique « Level Up » ou la découverte de ceux-ci planqués un peu partout, permettent une véritable spécialisation dans sa manière de jouer. Vous préférez les armes au corps à corps ? Investissez de préférence du côté droit. Vous appréciez jouer avec un arc ? Le côté gauche de l’arbre devrait vous satisfaire. Vous souhaitez vous soigner rapidement ? Choisissez la branche du milieu ! On sent une véritable montée en puissance à chaque point investi et le fait de pouvoir réinitialiser l’arbre à n’importe quel moment fait qu’on peut tenter de nouvelles stratégies sans malus. Évidemment, on a ce fameux système reprit par tellement de Metroidvania depuis Hollow Knight où on peut s’équiper d’un nombre limité de gemmes avec divers attributs qui peuvent changer la donne. Aeternum Game Studios S.L s’est débrouillé remarquablement pour nous proposer diverses façons d’aborder nos combats, en résulte des combats toujours stimulants et bien amusants.

DARK SASUKE A DES IDÉES PAS NOIRES

Aeterna Noctis possède de nombreuses qualités. La première (qui n’est pas des moindres) représente la présence de zones très originales, avec des idées jamais vues auparavant. Certaines pourront être légèrement agaçantes par moments (celle très orientée « Puzzle » me fait mal au cerveau), mais d’autres vous surprendront par leur originalité. Si je devais mentionner deux zones en particulier sans trop spoiler, je penserai à la tour de Lumière et son énorme laser à esquiver, et aussi la zone avec diverses micro-planètes à la Super Mario Galaxy (et une musique épique qui fait très Interstellar).

˙nǝɾ ǝɔ ǝnb ǝʇǝʇ ɐן ɐ ןɐɯ suᴉoɯ ʇᴉɐɟ ɹɐןןǝʇsɹǝʇuI

Similaire aux fraises de Celeste, soixante-quinze pièces d’un immense puzzle vous demanderont d’explorer attentivement ce monde intriguant dans le but de les trouver. Dès que l’une d’entre elles est récupérée, il faudra faire attention au retour, car elle ne sera définitivement récupérée qu’après une certaine distance effectuée. La grande partie des améliorations suit ce principe, foncer à toute berzingue dans les zones ne sera pas une façon idéale de les aborder étant qu’elles sont parfois très vastes. Néanmoins, si vous êtes un plutôt mauvais dénicheur, vous pourrez acquérir une carte dévoilant l’emplacement de chaque bonus (coffres, points de compétences, etc.) moyennant une grosse somme d’argent auprès d’un marchand.
Une autre idée intéressante, plutôt que de n’avoir aucune carte (comme dans Hollow Knight) jusqu’à qu’on trouve le cartographe ou je-ne-sais-quoi, celle-ci reste très floue jusqu’à la découverte de ce vendeur ambulant. Cela permet d’éviter de malheureuses situations où on risquerait de tourner en rond tout en gardant ce petit challenge de repérage que les amoureux d’Hollow Knight aimeront.

En parlant de ce Metroidvania bien plus populaire que mon humour, on possède une jauge de sang qui se remplit en éliminant des ennemis (et pas que). Lorsqu’une charge est remplie, on peut se soigner d’un point de santé, mais elle peut potentiellement servir à utiliser quelques-unes de vos capacités les plus puissantes en échange d’une petite quantité de sang, inférieure à un soin. Se remplissant assez lentement au départ, la progression du Roi des Ténèbres (tro D4RK) permettra à terme de la régénérer beaucoup plus vite et d’en stocker une quantité plus importante. En somme, une reprise du système d’âme du Metroidvania insectoide pertinente et stimulante.

SOMBRE EST MON DESTIN

On pourrait croire à première vue que je vous vends un jeu incroyable. Sans véritable gros défaut, Aeterna Noctis est constamment ponctué de petits problèmes. En premier lieu, depuis l’ajout d’un DLC gratuit qui ajoute deux nouvelles zones, quelques améliorations mais surtout des défis chronométrés avec un classement en ligne, l’équipe a rajouté un logiciel anti-triche. BORDEL ? C’est quoi ces performances aussi DÉPLORABLES ? Si vous comptiez y jouer sur un vieux portable ou l’ordi de votre grand-mère en vacances chez elle, juste… oubliez ! J’ai eu des micro-freezes (micro… de plusieurs secondes, ouais !), d’importantes chutes de FPS et surtout des GROS temps de chargement durant toute mon aventure. C’est bien la première fois que ça m’arrive sur un jeu indépendant alors que j’ai une GTX 1060 3gb, 16go de RAM et un processeur I5-7500, et quand je vois la partie « Configuration requise » sur la page Steam d’Aeterna Noctis, c’est à se demander s’il était bon de plomber l’intégralité de la planète pour protéger un classement qui n’intéressera potentiellement qu’environ 0,1% des joueurs ! Et d’après une personne de mon Discord, ces problèmes de performances ne sont apparus qu’avec l’ajout de Easy Anti-Cheat (comme par hasard, il est aussi utilisé pour Fall Guys ou VRChat, tous les deux optimisés avec le derche) depuis le DLC, et même si ce n’est pas de sa faute, le problème est bel et bien présent quoi qu’il arrive.

Vous allez le voir souvent, ce symbole de chargement.

Certaines quêtes sont vraiment pas terribles, nécessitant parfois beaucoup trop de backtracking. La cerise sur le gâteau reste la recherche d’un dragon qui peut se trouver à environ dix points différents (…je crois, faut dire que je n’ai jamais été reconnu comme bon au jeu des devinettes)… et je ne l’ai jamais trouvé. C’est pas grave, il mourra de faim sur le long terme après qu’il se rendra compte que je n’ai pas trop envie de jouer à cache-cache avec lui. Bien fait pour sa gueule. Dans tous les cas, beaucoup d’objectifs (secondaires, heureusement) souhaitent qu’on aille à gauche, puis à droite, puis qu’on aille de nouveau activer un machin à Clermont-Ferrand et… désolé, même avec des téléporteurs c’est gonflant comme pas possible !

LE SOLEIL, C’EST MAGNIFIQUE, MAIS NE LE REGARDEZ PAS DIRECTEMENT

Clairement, Aeterna Noctis est un des Metroidvania les plus réussis d’un point de vue artistique. Ayant une DA bien à lui, des cinématiques animées du feu de Dieu (on est sur du professionnel, là) et un jeu « fait à la main » tout à fait sublime avec une grande variété d’environnements (qui ne sont pas forcément sombres à la manière de beaucoup de jeux Dark Fantasy, où je me demande si y jouer avec un écran uniquement en noir et blanc impacterait mon expérience tant il semble n’y avoir aucune couleur). C’est clairement l’un des plus beau Metroidvania que j’ai pu faire.
Par contre, en terme de lisibilité, le constat est plutôt sombre (riez s’il vous plaît). Beaucoup d’éléments au premier plan tendent à masquer des éléments, en résulte des dégâts reçus sans que l’on comprenne le pourquoi, le qui et le comment. Et je ne vous parle pas de certains boss… Il y’en a un en particulier, c’était le boss abeille de Cuphead puissance 1000 en terme de manque de lisibilité.

Un petit mot pour les musiques tout simplement épiques et brillantes, très variées tout comme Aeterna Noctis dans son ensemble. Que ce soit des thèmes calmes et un peu relaxant dans les zones les plus tranquilles, on passe par des sonorités puissantes, électro ou encore même digne d’un orchestre symphonique. Tout cela assemblé donne un ensemble très généreux.

POINTS NEGATIFS

  • Une optimisation désastreuse, une GTX 1070 sans déconner ?
  • Les temps de chargement sont longs, et surtout nombreux !
  • Une lisibilité parfois mise à mal par des effets visuels et des éléments au premier plan dont on aurait pu s’en passer.
  • La zone remplie d’énigmes fait plus mal à la tête qu’elle n’amuse.
  • Des quêtes secondaires parfois épuisantes.

POINTS POSITIFS

  • Une orientation « Plates-formes exigeantes » (voire Die & Retry en Noctis) réussie et pertinente.
  • Un game design qui sait se renouveler, avec des idées inédites.
  • Un lore intéressant avec des petites touches d’humour sympathiques
  • Deux niveaux de difficulté qui satisferont une grande partie des joueurs, changeables à tout moment.
  • Visuellement magnifique, des graphismes réalisés à la main à tomber par terre.
  • Une grande variété en ce qui concerne les musiques.
  • Une grosse voire très grosse durée de vie (entre 25 et 100 heures selon votre façon de jouer et surtout le choix de la difficulté).
  • Beaucoup d’armes différentes permettant un bon nombre de spécialisations. Tout cela pouvant être influencé par un arbre de talents pertinent.

Aeterna Noctis est une excellente surprise et s’appréciera à sa juste valeur qu’importe le niveau ou les attentes du joueur. Ressemblant à Hollow Knight sur divers aspects, il s’en éloigne au final suffisamment dû fait de son envie d’être un Metroidvania se concentrant davantage sur des phases de plates-formes exigeantes (voire sadiques en difficulté difficile). Malgré un financement participatif qui a échoué, le studio a réussi à mettre au point un titre très réussi s’éloignant de ses inspirations pour au final, n’être que lui-même : Un grand Metroidvania.

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