Alors… On a eu Wonder Boy, puis Wonder Boy in Monster Land, puis Wonder Boy III: Monster Lair et on a eu… Wonder Boy III: The Dragon’s Trap ! Sacré chronologie que sont les jeux Wonder Boy ! Entre les deux épisodes 3 que représentent la franchise, le fait qu’aucun opus n’a été sous-titré « Wonder Boy IV » mais qu’on a fait un saut directement à « Wonder Boy V ». Et ne parlons pas des opus qui ont des noms différents selon la région, ainsi que le spin-off Monster World mis en place lorsqu’il y a eu des jeux avec des éléments de RPG dedans.
Beaucoup de vidéastes ont parlé de cette chronologie confuse au-delà de toute logique, les fans ont essayé de donner un sens à tout cela et ça donne… ce que vous voyez en dessous !
Voyez alors comment une franchise de seulement six jeux sortis dans les années 80-90 ont mené à une chronologie aussi confuse (sachant que celle-ci manque encore quelques opus)… En tout cas, on va donc traiter de Wonder Boy III: The Dragon’s Trap… Quatrième opus de la franchise Wonder Boy, deuxième opus du spin-off Monster World, aussi sorti sur PC Engine sous le nom de Dragon’s Curse (connu au Japon sous le nom de… Adventure Island ! Et non, aucun rapport avec Hudson’s Adventure Island sur NES). Enfin, on va finir par parler de la version brésilienne qui remplace divers sprites par les personnages d’une bande-dessinée très connue dans ce pays : Turma da Mônica (vous méritez bien votre défaite contre l’Allemagne).
J’suis le seul à trouver ça bizarre avec Turma da Mônica ?
En suivant la chronologie comme présentée, on peut néanmoins se poser une question : Comment Wonder Boy III: The Dragon’s Trap, qui est au final pas le véritable troisième opus (celui-ci étant sorti en 1989, alors que Monster Lair avait fait irruption dans les salles d’Arcade en 1988) s’est imposé aux yeux des joueurs comme le véritable troisième opus ? Surtout qu’au final, Monster Lair est un jeu aujourd’hui assez oublié (un destin plutôt mérité d’ailleurs, il est souvent décrit comme le mouton noir de la série). Pour preuve, tapez « Wonder Boy 3 » sur Google, l’opus qui ressort principalement est The Dragon’s Trap. Nous allons découvrir comment un intrus si qualitatif a pu faire de l’ombre au « vrai » troisième opus.
Date de sortie : | 1989 |
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Développeur - Éditeur : | Westone - SEGA |
Supports principaux : | Master System (version traitée), PC Engine, Game Gear |
Metroidvania à quel point ? | Fortement, l'obtention des nouvelles formes débloquent de nouveaux chemins. |
Durée de vie : | Entre 4 et 8 heures |
Difficulté : | Normale |
Prix : | N/A |
UN JEU D’AVENTURE PLUS QU’INVENTIF.
Commencer par énumérer les points qui rendent ce jeu si exceptionnel est très compliqué… car ce jeu a tellement de choses à offrir comparé aux autres jeux de plates-formes / aventure. Démarrons alors en parlant de l’introduction du jeu, très inventive pour un jeu de 1989. Celui-ci démarre au dernier niveau de Wonder Boy in Monster Land (le premier Monster World… Ou Wonder Boy II, si vous préférez) en version très simplifiée, boss y compris. Plot twist, le Dragon Meka qui contrôlait le royaume se mit à maudire le héros en le transformant en Lizard-Man (Homme-Lézard) ayant la capacité de cracher du feu à distance. Wonder Boy 3 propose alors au joueur une fin alternative où les galères de notre héros ne se finissent pas, dorénavant. Il doit dégoter un antidote, la Salamander Cross (Croix de la Salamandre) afin de retrouver sa forme originelle.
Au moins, il a la beauté intérieure et une immense queue pour draguer.
Mais ce ne sera pas si simple, en plus de sa forme humaine (qu’il ne récupérera qu’à la toute fin), notre cher héros devra jongler entre cinq transformations différentes qu’il débloquera au fur et à mesure de sa progression. En plus d’avoir des statistiques différentes (attaque, défense et charisme, on reviendra sur ce dernier point plus tard), les tailles et façons de se mouvoir s’en voient modifiées, rendant certains endroits accessibles ou inaccessibles… Tiens, ça vous rappelle pas un sous-genre du jeu de plates-formes très populaire sur la scène indépendante ces temps-ci ?… Ah oui ! Le Metroidvania (au cas où vous auriez oublié sur quel site on est) !
Ce jeu remplit tous les critères, une grande zone proposée au joueur, mais pas totalement accessible au départ à condition de trouver les bonnes améliorations, ici remplacées par les transformations en différents animaux. L’inventivité de Wonder Boy III: The Dragon’s Trap pour un jeu 8bits de 1989 est à souligner, peu de jeux de sa génération peuvent se targuer de proposer autant d’idées intéressantes, et surtout bien exploitées. Si Wonder Boy II proposait un jeu typé Arcade avec quelques éléments de RPG, dorénavant, place à un véritable jeu d’aventure où l’on a la possibilité de reprendre sa progression avec un mot de passe, en gardant son équipement et son avancée.
Ahhh, c’est donc ça le jambon fumé !
UN JEU DE PLATES-FORMES QUI GÈRE MIEUX SON ASPECT RPG, QUE CERTAINS RPG DE L’ÉPOQUE, C’EST DIRE !
Une fois la scène d’introduction passée, notre héros équipé à la base du meilleur équipement possible avec sa barre de santé gigantesque se retrouve avec quasiment rien, et qu’un seul cœur de santé. Bref, il va falloir explorer, vaincre des ennemis et dénicher des coffres pour récolter de l’argent, trouver des objets utiles à la progression, bref : Redevenir le héros qu’on était avant.
Une fois que le joueur a amassé assez d’argent, il peut le dépenser dans différents magasins vendant des objets toujours différents. A noter que le charisme fait office de barrière afin que le joueur ne puisse pas tout obtenir après une intense séance de grinding, ce qui empêche de se retrouver avec un équipement injustement trop puissant et qu’on commence à rouler sur une partie du jeu sans aucun mérite. Cela a pour effet donc de réserver toujours un minimum de difficulté au joueur. Rassurez-vous, pour son époque, Wonder Boy 3 était perçu comme un jeu peu difficile, si vous n’avez pas de retard sur votre équipement ou que vous ne vous aventurez pas dans une zone risquée, vous ne ferez pas régulièrement face à l’écran de Game Over (qui vous réserve lui aussi une petite surprise, avec une espèce de roue de la chance où vous pouvez potentiellement reprendre votre aventure avec un élixir).
Spider-souris, Spider-souris, il peut marcher au plafond…
La progression de Wonder Boy III propose une boucle simple, mais efficace. Vous découvrez une nouvelle zone, vous cherchez la clé du donjon, vous pénétrez ce donjon, vous éliminez le boss qui s’y trouve à la fin, et vous obtenez une nouvelle transformation. Répétez ce processus jusqu’à redevenir humain. Malgré cette boucle simple, le jeu offre son lot de passages secondaires afin d’améliorer le héros et ainsi briser la monotonie qui pourrait potentiellement s’installer en offrant diverses situations multiples et variées. L’équipement qui aurait pu simplement servir à améliorer ses statistiques octroie des effets plutôt inédits pour l’époque, certains permettent de gagner plus d’argent, plus de cœur, protègent de la lave, etc. Cela ne paraît rien comme ça, mais il faut jouer à ce titre pour comprendre à quel point tous ces éléments ont été implémentés de façon pertinente. Par exemple, l’armure qui protège de la lave offre en conséquence une défense assez minime à l’utilisateur, tout comme l’épée qui améliore sa fortune (la Lucky Sword), en dépit des dégâts infligés rapidement dépassés par de meilleures armes.
On peut même voler !
En avance sur son temps, c’est sans compter sur les armes secondaires (et en particulier le boomerang, très utile si la portée de nos coups est faible) permettant au héros de se débrouiller dans le cas où il serait en difficulté, ou encore les portes secrètes parfois bien planquées qui amènent à des choses parfois très utiles, etc. Oui, on peut le dire. Wonder Boy III: The Dragon’s Trap est un jeu au gameplay exceptionnel, avec énormément de contenu, beaucoup plus que la grande majorité des jeux 8bits. Et c’est sans compter des environnements tous très différents qu’on parcourt toute l’aventure avec un plaisir non dissimulé. Pour un nouveau joueur qui découvre le jeu, il lui faudra environ une dizaine d’heures avant de voir les crédits de fin (après cela, ceux qui voudront refaire le titre pourront aisément le terminer en moins de trois heures en connaissant ce qu’il faut faire). Pour un jeu de plates-formes avec un côté aventure très prononcé, il s’agit d’une très bonne durée de vie, surtout que le jeu n’ennuie à aucun moment le joueur.
QUOI ? ILS ONT MEME PENSÉ À ÇA ?
Ce qui est incroyable avec ce Wonder Boy 3, c’est à quel point le jeu a été peaufiné, par exemple, vous saviez que le sprite du héros quand vous vous orientiez à gauche ou à droite (comme dans la politique) était complètement différent ? Car oui, au lieu de faire une une simple inversion horizontale du sprite, les développeurs ont décidé d’en faire de nouveaux afin d’éviter une incohérence où le héros tiendrait son épée et son bouclier dans des mains différentes s’il venait à s’orienter à gauche ou à droite. C’est sans parler des nombreuses animations composant notre héros et chaque ennemi qu’on se doute qu’en plus d’une esthétique plus que soigné, le jeu est fort bien optimisé, proposer une aventure aussi complexe sur une simple cartouche qui pèse 2Mb (ce qui est moins que mon dossier d’inscription pour mes études supérieures) relève vraiment de l’exploit. Certaines zones, en particulier ceux qui se passent en intérieur, proposent des arrière-plans que peu de jeux de la 8bits de SEGA pourraient se targuer d’offrir (même les derniers jeux sortis !). On pourra finir par les sprites des boss, superbement bien détaillés.
Alors que 99% des jeux de l’époque auraient fait une simple inversion verticale du sprite, les gars derrière Wonder Boy III ont décidé de le refaire afin qu’il garde toujours son épée à la même main, tout comme le bouclier, qu’importe sa position.
Les environnements sont extrêmement variés.
Si Shinichi Sakamoto est un compositeur qui ne parlera à pas grand-monde (moi non plus d’ailleurs). Force est de constater qu’il a réussi à composer des musiques de grande qualité pour un jeu qui ne méritait qu’une seule chose, être sublimé. Et c’est réussi, des musiques très variées avec des thèmes aujourd’hui réutilisés dans la suite spirituelle des Monster World, je parle bien sûr de Monster Boy and the Cursed Kingdom. Les bruitages n’ont pas été oubliés une seconde, et c’est avec un certain plaisir qu’on écoute sans cesse ce petit son quand les monstres lâchent de l’argent.
DE MINUSCULES DÉFAUTS DANS UN OCÉAN DE BONHEUR.
On a tendance à dire que la personne qu’on aime est parfaite, sauf que rien n’est parfait. Une fois cette réflexion très poussée, on peut s’apercevoir de quelques défauts très mineurs qui n’entachent en rien le plaisir de jeu.
Premier point, lors des combats de boss, il est impossible d’accéder à son inventaire. Donc avant de combattre un boss, vérifiez que vous vous êtes bien équipés de ce dont vous avez besoin (oui, vous pouvez sentir le type qui a oublié de changer sa Lucky Sword pour une épée bien plus puissante et qui n’infligeait même pas un pourcentage de dégât au boss).
Second point, si vous mourez, vous repartirez toujours avec seulement un seul cœur de régénéré, ce qui n’est pas très pratique en fin de jeu quand vous commencez à avoir une barre de santé plus longue. En plus de mourir, vous serez forcé à aller faire un tour chez l’infirmière (ce qui coûte de l’argent).
Enfin, on peut finir par citer ce problème, quand le héros se prend un coup, celui-ci se fait alors repousser, mais il peut se faire bousculer pendant plusieurs secondes sans qu’on ne puisse rien faire. Heureusement, les frames d’invulnérabilité sont prolongées afin que le personnage ne meurt pas injustement, mais cela a parfois tendance à légèrement agacer.
UN SACRÉ HÉRITAGE.
L’histoire du jeu-vidéo n’aura pas forcément retenu Wonder Boy III: The Dragon’s Trap comme d’autres hits de la console concurrente comme Super Mario Bros. 3 ou encore The Legend of Zelda. Pourtant, qu’est-ce que ce titre majeur de Westone mérite que l’on s’y attarde. En avance sur son temps, il nous donne l’impression de jouer à un véritable Metroidvania. Malgré son âge, il n’a pas pris une seule ride, la seule contrainte possible pouvant être le manque d’indication sur où le joueur doit aller (mais après tout, c’était le cas pour quasiment tous les jeux des années 80).
Quand bien même l’histoire ne mentionne que trop peu cet opus de la franchise Wonder Boy, bon nombre de jeux récents s’en inspireront. Que ce soit Aggelos en passant par Monster Boy and the Cursed Kingdom, qui en reprendra le concept des transformations en divers animaux.
POINTS NEGATIFS
- Impossibilité d’accéder à son inventaire durant un combat de boss.
- En cas de Game Over, on repart avec un cœur.
- Se faire enchaîner par les ennemis et ne rien pouvoir faire pendant plusieurs secondes.
POINTS POSITIFS
- Un scénario inventif, créant une fin alternative à l’opus précédent.
- L’énorme richesse du jeu.
- Une difficulté bien progressive.
- Les transformations, offrant des gameplay tous bien différents et intéressants.
- Graphiquement très détaillé pour un jeu de 1989.
- Des musiques cultes.
- Une bonne durée de vie.
Pour faire simple, Wonder Boy III: The Dragon’s Trap est un jeu intemporel. Que ce soit en 1989 ou avec le remaster de 2017 (qui reprend le titre d’origine quasiment dans son entièreté sans le modifier, sauf sur l’aspect graphique et sonore), le plaisir du jeu n’a pas décliné malgré le poids des années, et c’est avec plaisir que j’ai recommencé une nouvelle partie. C’est un titre à faire pour sa culture vidéoludique, et l’un des jeux les plus aboutis de sa génération.
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Rétroliens : WONDER BOY III (Sega Master System) - RVLP