Ahhh… Wonder Boy, je n’ai découvert qu’assez tardivement cette vieille franchise de SEGA ayant fait les beaux jours de la Master System et de la MegaDrive. Je suis très rapidement devenu fan de ces jeux, en particulier deux opus que je trouve excellent, Wonder Boy III: The Dragon’s Trap, jugé par beaucoup comme le meilleur jeu de la 8-bits de SEGA, à tel point qu’un remake est sorti en 2017 et le titre était toujours aussi bon alors que le gameplay n’avait quasiment pas été retouché, montrant ainsi le caractère intemporel de ce chef d’œuvre. Ainsi que Wonder Boy in Monster World, transportant l’univers vers la MegaDrive tout en gardant un charme inouï et un gameplay très complet. Mais après Monster World IV sorti en 1994 exclusivement au Japon, plus aucune nouvelle de la saga durant deux décennies. Fort heureusement, et notamment grâce à une mode du rétro-gaming toujours plus forte, divers studios de développement ont remis au devant de la scène ce cher Wonder Boy. On a eu d’abord le très oubliable Wonder Boy Returns et ses graphismes tellement niais que ça en devenait répugnant. Le très soigneux remake du troisième opus (ou quatrième. A noter que la franchise s’est très rapidement emmêlée dans la numérotation de chaque épisode et qu’on s’est même retrouvé à un moment avec deux jeux Wonder Boy III totalement différents), Wonder Boy: The Dragon’s Trap et enfin, la suite (spirituelle cependant) que tous les fans attendaient avec impatience : Monster Boy and the Cursed Kingdom, alors, retour réussi ou non ? Eh bien, je vais tout vous dire.
Monster Boy and the Cursed Kingdom, développé par Game Atelier et publié par FDG Entertainment sur PS4, Xbox One et Switch le 4 décembre 2018 puis sur PC le 25 juin 2019 est un Metroidvania dans la pure veine de plusieurs épisodes de la franchise. Effectivement, pour accéder à diverses zones inaccessibles au départ, il faudra trouver l’objet ou la transformation adéquate afin de s’y rendre librement, et revenir à des endroits précédemment visités sera nécessaire pour tout découvrir. La notion d’exploration étant très présente dans ce Monster Boy and the Cursed Kingdom, il faudra farfouiller dans chaque recoin du monde pour espérer finir le titre à 100%.
Le jeu débute lorsque Jin surprend son oncle Nabu entrain de voler dans les airs sur un tonneau transformant tout le monde en animaux. N’en croyant pas ses yeux, il décida donc d’aller chercher son épée et d’investiguer pour savoir ce qui se passe. Après avoir battu un calamar géant, notre cher héros se fit transformer en cochon. Une fois arrivé au village après avoir légèrement exploré les égouts, Jin discute avec un étrange chat du nom de Mysticat lui expliquant que pour remédier à la situation qu’a causé l’oncle de Jin, il va devoir chercher cinq orbes à travers tout Monster World (là où se déroule le jeu). Pas la peine d’aller par quatre chemins, ce n’est pas le scénario qui importe ici, n’étant tout simplement qu’un prétexte pour partir à l’aventure, rencontrer des personnages assez loufoques et participer à plusieurs évènements inattendus, qu’il serait dommage de spoiler, car si Monster Boy and the Cursed Kingdom ne fait pas grande impression par son histoire, les dialogues sont suffisamment bien écrits et amusants pour rester en haleine jusqu’au fin de mot de l’histoire. Néanmoins on pourra quand même reprocher le côté trop enfantin des dialogues, Monster World IV était plus mature de ce côté-là.
Comme tout bon Metroidvania, Monster Boy and the Cursed Kingdom exploite les codes du genre. Jin est plutôt faible au départ et n’a pas grand-chose sur lui, une palette de mouvements très limitée, une barre de vie de trois cœurs ou encore un équipement très bas de gamme. La principale occupation du joueur en plus de retrouver ces fameuses orbes, octroyant au passage les nouvelles transformations (au nombre total de six, en comptant la forme humaine) permettant donc d’explorer plus en profondeur Monster World, sera d’ouvrir des coffres afin d’y récupérer toutes sortes de bonus, des réceptacles de cœurs, de l’argent, de l’équipement, etc… Premier point donc d’une extrêmement importance, est-ce qu’on a bien ce sentiment d’être de plus en plus puissant au fur et à mesure qu’on progresse ? Oui, carrément même ! Notamment car j’ai été très surpris par quelque chose, dans Monster Boy and the Cursed Kingdom, on meurt très régulièrement ! Mais ces décès ne sont jamais punitifs et on revient facilement sur ses pas. La difficulté se corse fortement à partir du volcan et les énigmes du manoir hanté demanderont beaucoup de réflexion ! Il est donc demandé de régulièrement fouiller les zones afin de découvrir tous les objets cachés du jeu et d’augmenter toujours un peu plus sa « puissance », ce qui deviendra de plus en plus primordial pour survivre car la difficulté va de paire avec notre progression, plus on se rapproche de la fin du titre, plus c’est difficile ! Non seulement, on a ce sentiment de devenir de plus en plus puissant, mais tout ceci est bien mis à contribution. Je ne compte plus le nombre de Metroidvania où on finit par être tellement puissant qu’on devient quasiment invincible, dans Monster Boy and the Cursed Kingdom, même avec un équipement et des caractéristiques plutôt avancés, jouer comme un pied est souvent synonyme de défaite. La gestion de l’équipement est d’ailleurs un facteur à prendre en compte, celui-ci peut être amélioré via diverses gemmes et un set complet amélioré octroie un bonus, dont certains à ne pas négliger.
Une qualité indéniable de Monster Boy and the Cursed Kingdom, c’est le nombre impressionnant de petites idées s’enchaînant une par une pour qu’aucun objet, équipement ou même, transformation ne paraissent « gadgets », c’est-à-dire qu’on utilise une ou deux fois à un passage de l’aventure avant de ne plus jamais s’en servir. Ici, c’est tout le contraire, par exemple, quand j’ai reçu les bottes de plomb, je me disais que j’allais m’en servir que quelques fois puis basta. Eh bah bien au contraire ! Les déplacements grandement ralentis par cet équipement furent rapidement balayés par les améliorations et j’ai du m’en servir des dizaines de fois pour des situations très variées ! Ça n’a pas l’air de grand-chose au départ, mais quand on atteint le manoir hanté regorgeant d’énigmes en tout genre, demandant de faire usage de toutes nos capacités, on est vraiment surpris ! Ne vous fiez pas à l’allure enfantine des graphismes, ce n’est pas uniquement retors dans les combats, mais aussi dans les énigmes intéressantes et variées proposées par Monster Boy and the Cursed Kingdom, si le premier tiers du jeu peut faire penser à une aventure se parcourant sans trop de peine, le ton est radicalement donné quand on atteint le volcan et Monster Boy se corse sévèrement !
Le gameplay n’a donc pas de défaut ? Pour être honnête, j’ai quand même quelques regrets. Premier point, c’est très personnel, mais je trouve ça dommage que les drops d’argent soient fixes, par exemple un sac de pièces donnera toujours 20 ors. Ce qui n’était pas le cas dans les précédents volets de la franchise où la monnaie octroyée avait une valeur aléatoire (entre 21 et 50 ors par exemple). Ensuite, même si j’apprécie le parti pris de vouloir rendre le jeu un minimum difficile par moments, certains passages sont quand même très frustrants et même à la limite du troll, je me rappelle encore du moment où il fallait que je contrôle une boule tout en évitant des piques qui apparaissaient, si pour les premiers on avait assez de temps pour réagir, le tout dernier obstacle, alors qu’en plus on croyait en avoir fini, apparaît tellement soudainement qu’on se le prend quasiment à coup sûr la première fois ! Retour à la case départ ! Et je peux vous assurer que ce n’est pas l’unique passage comme cela.
Au passage, il y a quand même des énigmes où je me demande sincèrement comment j’aurais pu faire sans soluce ! Enfin, on peut noter quelques bugs de collision, rien de bien embêtant. On en trouve surtout dans les phases assez pointilleuses du jeu demandant de changer régulièrement de formes.
Graphiquement, on sent le boulot qu’il y a eu derrière. Si on regarde les commentaires des premiers trailers entre 2016 et 2017, si la grande majorité des gens étaient contents par ce nouveau titre, quelques-uns restaient méfiants notamment au point de vue graphique, critiquant le fait que Monster Boy and the Cursed Kingdom ressemblerait à un jeu mobile (les joueurs sont parfois bien cruels). Les graphismes du jeu se sont vus intégralement améliorés pour la sortie du jeu (maintes fois repoussée) et autant ne pas s’en cacher, c’est beau, très beau. Le monde est enchanteur et très varié, aucune zone se ressemble, ce qui donne un certain cachet à ce Monster Boy. On traverse une plage, une forêt, une jungle, un château hanté, une grotte souterraine et j’en passe. Excepté si on rebute sur le côté un peu « manga » du titre, on ne peut qu’admirer le travail de l’équipe de Game Atelier qui a fait un excellent boulot de ce côté. Ce serait un crime de passer à côté des multiples références aux anciens opus qui rendront sûrement nostalgique les joueurs des vieux titres de SEGA, et aucune inquiétude à se faire du côté de ceux qui n’ont jamais eu la chance (l’envie ?) de découvrir ces jeux, l’expérience globale ne s’en verra aucunement impactée par ceux qui découvrent la franchise ! On ne peut pas négliger de parler des sprites du jeu, extrêmement détaillés et foutrement bien animés (bon sang, le boss du volcan !). Enfin, je finirai mes éloges en parlant des rares cinématiques qu’on peut voir, une fois encore, rien à redire.
On retrouve quelques remixes des anciens thèmes de la franchise ainsi que des nouvelles musiques, non moins intéressantes. En plus d’être à chaque fois dans le ton, ils sont très entraînants et même une source de motivation pour le joueur de toujours progresser. Des compositeurs de talent ont épaulé le jeu, les plus illustres étant Yuzo Koshiro (Streets of Rage, The Revenge of Shinobi), Michiru Yamane (Castlevania: Symphony of the Night) ou encore Motoi Sakuraba (Golden Sun). Une fois encore, la variété est au rendez-vous. La musique Aztec Temple, reprise de The Danger Zone de Wonder Boy III: The Dragon’s Trap est excellente, avec les sonorités Maya. Crystal Caves, qui n’est pas un remix que j’ai écouté après sur YouTube tant elle était à la fois agréable à écouter, et entraînante elle aussi ! Je pourrais en citer des dizaines encore, Fields, Haunted House, Volcano ou encore la musique lors des combats de boss. Je n’ai pas entendu un seul thème décevant pour être honnête. A noter qu’il est disséminé un peu partout dans le jeu des partitions, permettant d’écouter d’autres remixes au banjo par le vidéaste Banjo Guy Ollie. Quelques bruitages typiques de la franchise peuvent être entendus, ils n’ont heureusement pas vieillis.
Monster Boy and the Cursed Kingdom est long, en ligne droite, il faut environ 20 heures pour le parcourir, une durée de vie honorable pour le genre, surtout si on ajoute le défi de vouloir compléter le titre à 100%, on peut facilement rajouter une demi-douzaine d’heures en plus. Aucun jeu Wonder Boy n’a jamais été aussi long à faire ! Je rassure sur un défaut qu’on retrouve assez souvent dans le genre du Metroidvania, il y a peu d’allers-retours et les téléporteurs ne sont pas très éloignés, supprimant un facteur d’ennui souvent propre au genre. Pour finir, parlons de la bonne idée des gouttes irisées permettant d’afficher sur la carte les trésors qu’on aurait loupé, vous ne risquez pas d’être bloqué à 99 % durant des heures en vous demandant où peut bien se trouver ce fichu dernier trésor.
POINTS POSITIFS :
- Le gameplay des Monster World respecté. Un espèce de best-of de toutes les bonnes idées (transformations, effets des équipements, etc.) réunies en un seul titre.
- Des graphismes colorés et détaillés, un gros travail de ce côté-là !
- De magnifiques remixes et même de nouvelles musiques réalisés par des compositeurs de talent.
- Longue durée de vie (plus de 20 heures).
- Les nombreuses références qui plairont aux fans.
POINTS NÉGATIFS :
- Les drops d’argent fixes.
- Certains passages du jeu frustrants, à la limite du « troll ».
- Des énigmes où on se demande comment on aurait pu faire sans soluce.
- Déconseillé aux gens n’appréciant pas la difficulté, préparez-vous, vous allez mourir régulièrement.
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