[TEST] Afterimage – La créature de Frankenstein du Metroidvania

Par principe, j’essaye toujours de finir un titre avant d’en écrire une critique. Il arrive néanmoins que celui-ci souhaite être tellement long artificiellement pour aucune raison valable. Afterimage fait partie de ce cas de figure. Long à en crever la bouche ouverte, le bébé d’Aurogon Shanghai et de Netera Co., Ltd. a fini par devenir une véritable corvée dont je préfère dorénavant, y mettre un terme. Mais pourquoi un jeu comme Phoenotopia Awakening qui est pourtant hyper long a réussi à me captiver de bout en bout, alors qu’Afterimage me fait écrire des pavés négatifs à son sujet sur le serveur Discord du Reddit des Metroidvania ? Je vous propose de découvrir lors de ce test l’expérience d’une belle douche froide. Comme quoi, l’habit ne fait pas le moine (…j’avoue que j’ai du mal à conclure mes paragraphes, parfois).

Vous allez voir cet écran assez souvent

Date de sortie : 24 avril 2023
Développeur - Éditeur : Aurogon Shanghai, Netera Co., Ltd. - Aurogon Shanghai, Modus Games, H2 Interactive
Supports principaux : PC, Switch, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X
Metroidvania à quel point ? Très fortement, Afterimage remplit parfaitement les conditions d'un Metroidvania (un monde qui se dévoile de plus en plus à force d'acquérir de nouvelles capacités).
Durée de vie : Entre 40 et 60 heures (au doigt mouillé)
Difficulté : Élevée
Prix : 24,99€

ALLEZ, RENTRE DANS LA CAMIONNETTE BLANCHE

Afterimage a tout du Metroidvania de rêve, de superbes graphismes avec des environnements hyper variés emprunts du folklore asiatique. Une aventure qui a l’air grandiose avec des combats épiques contre de nombreux ennemis et boss bien ardus typique d’un Souls-Like. On ne peut pas forcément dire qu’ils aient menti sur ce point, c’est beau, c’est très beau, sûrement l’un des Metroidvania les plus plaisants à regarder, mais au-delà de la forme, il y a aussi le fond.

Et le fond, c’est ce qui pêche, ça pêche à un point tellement hallucinant qu’on se demande comment ils ont pu foirer à ce point leur game design. J’ai une question, est-ce que le studio s’est rendu compte à un instant que piquer à droite et à gauche tout ce qui marche n’est pas forcément la bonne manière de créer un jeu plaisant ? Il faut croire que non, Afterimage m’a donné l’impression de jouer à un bon nombre de Metroidvania à la fois :
– Hollow Knight dans ses environnements gigantesques où il faut apprécier s’y perdre pour trouver de nouvelles capacités et progresser davantage.
– Bloodstained: Ritual of the Night avec le côté RPG amené. Son système d’équipement, son interface qui se remplit d’items en tout genre ou encore même la cuisine où les plats mangés pour la première fois améliore les statistiques de façon permanente.
– Et pour arrêter ce name-dropping pas des plus exaltants, citons les jeux à la Souls, un poil de Zelda II, un zeste de Ori et sûrement plein de choses pour créer cette salade composée dure à digérer qu’est Afterimage.

Je parie que vous avez été dessinés par deux artistes différents, je me trompe ?

« J’EN SAIS RIEN, J’AI PRIS N’IMPORTE QUOI »

Car oui, si Afterimage prend tout et n’importe quoi de divers titres cultes, il le fait de façon bien médiocre tout au mieux, au pire, ça casse vraiment les burnes ! Ces vingt heures passées à arpenter Engardin ont été laborieuses. En premier lieu, le jeu est grand, très grand, TROP grand, BEAUCOUP TROP GRAND ??? Si comme moi vous aviez trouvé le backtracking d’Hollow Knight trop fastidieux, vous êtes servis, certaines zones s’éternisent à un point, j’ai jamais vu cela !

Les combats de Afterimage n’ont jamais été réellement satisfaisants durant mes sessions. Tout d’abord, le nombre absolument faramineux de santé que possède chaque ennemi, ils prennent pour certains tellement de temps à mourir ! Exit le côté fluide de l’enchaînement de chaque ennemi dans Bloodstained: Ritual of the Night, avec son bestiaire bien imaginatif. Dans Afterimage, vous combattrez des ennemis qui ont une fâcheuse tendance à vous toucher même quand vous y mettez du votre pour les esquiver. Sans que les contrôles soient véritablement mauvais, ils paraissent peu naturels, à l’image de ce wall-jump qu’on débloque au bout d’un moment que je trouve désagréable !

Cette brume violette n’apporte rien de pertinent au gameplay, aussi.

Les boss ? Ah oui, ceux-là… Vous aurez vite fait de les bourriner pour la grande majorité. Avec des patterns pas très intéressants et trop peu visibles pour que vous souhaitiez les esquiver, ceux-ci font leur apparition sans aucun signe ! Vous rentrez dans la salle d’un boss sans le savoir alors que tous vos soins sont épuisés… Tant pis pour vous ! Vous allez mourir car la lisibilité ne vous aidera pas à combattre le boss, et ce, même si vous avez des réflexes de ninja. Oh ! Et similaire à un Dark Souls, si vous mourrez, vous perdez toute votre expérience pour le prochain niveau, et j’y viens pour la pire des choses !

Imaginez que, comme moi, vous êtes dans une zone où les ennemis ne vous posent pas un gros problème et là BAM ! Un gros boss totalement hors niveau vient se dresser sur votre chemin et vous tue en deux coups en l’espace de trois secondes. Je vous laisse deviner ma frustration face à ce moment, et devinez où se trouve mon cadavre pour récupérer mes points d’expérience perdus ? Bravo ! A L’INTÉRIEUR DE LA SALLE DU BOSS ! Je me pose une question d’un coup : Les studios derrière Afterimage ont-ils vraiment joué à Hollow Knight ou ont-ils vaguement regardé 2-3 vidéos YouTube histoire de ? Nan car dans Hollow Knight, ledit cadavre se situait en DEHORS de la zone de danger. Fort heureusement, la grande majorité des boss sont des plaisanteries que vous pourrez battre en abusant de vos soins sans rien comprendre à leurs patterns.

Il me manque apparemment zéro pixel pour atteindre cette plate-forme (…)

Après la carte trop grande, les combats ennuyants, parlons dorénavant du côté RPG de ce Metroidvania ! Clairement inspiré par le très bon Bloodstained: Ritual of the Night, vous n’aurez jamais une grande satisfaction procurée par un « Level Up » ou par la découverte de fragments permettant (à peine) d’augmenter votre maximum de vie ou de mana.
Tout d’abord, gagner un niveau fait augmenter vos statistiques de façon si ridicule que je n’ai jamais vraiment eu une sensation de monter en puissance. Vous gagnerez aussi beaucoup de points de compétences que vous pourrez investir dans un arbre de talents… Et je vous jure, j’en ai économisé 70 (littéralement), et j’ai à peine eu la sensation d’être plus fort lorsque j’ai tout investi ! Faut assumer son côté RPG à force, ou tout simplement ne pas en faire, vous aviez peur que le joueur devienne trop fort ?

Pour finir dans le « Je prends à droite et à gauche en espérant que ça passe », citons cette map world absolument pas intéressante où les endroits à accoster ne sont pas signalés, même pas une petite icône… Et surtout encore une fois, quel intérêt ? C’est vraiment du remplissage pour faire du remplissage.

Et le prix de la carte du monde absolument inutile d’un point de vue ludique revient à… Afterimage !

UN SOUPÇON DE BONNE VOLONTÉ

Malgré tous ce défauts, je tiens tout de même à citer quelques points positifs qui permettent à Afterimage de ne pas se noyer dans la médiocrité. Tout d’abord, ce qui saute aux yeux, c’est la très grande variété des décors, jamais je n’ai eu la sensation de traverser les mêmes décors et il est clair qu’il y a un véritable travail. Pour chipoter, la direction artistique, notamment au niveau des artworks des personnages, donne l’impression d’avoir été fait par des artistes différents sans que cela soit homogène, mais bon je pinaille. La bande-son est elle aussi très jolie et un véritable travail sur la partie auditive est à signaler, sans parler de la présence de doublages en anglais, japonais et chinois. Je n’ai joué qu’avec le doublage anglais, qui était très convaincant. Enfin, il y a une grande variété dans les armes proposées, entre les dagues, les épées, les faux, etc. L’équilibrage de celles-ci me semblent plutôt bons et satisfera les joueurs sur ce point.

Afterimage, maintenant que j’y pense, avait tous les moyens en place pour être un excellent Metroidvania. Mais il s’éternise comme pas possible, et implémente mécanique sur mécanique pour en faire un gros fourre-tout qui étouffe le joueur. J’aurais encore pu parler de l’interface dans le menu absolument pas ergonomique remplit de sous-menus (y naviguer est un enfer). De l’histoire totalement incompréhensible qui, avec ses personnages inintéressants, ne donne pas envie de s’y investir. De la magie inutile au possible car extrêmement couteuses en mana (qui se régénère tellement lentement). Ou encore des nouvelles capacités qui s’obtiennent au bout d’un certain nombre d’heures de jeu tellement rarement qu’on a juste la sensation de stagner.

Afterimage est clairement dans la catégorie des plus beaux Metroidvania que j’ai pu jouer.

POINTS NEGATIFS

  • Une histoire tout bonnement incompréhensible.
  • Game-design foireux, empruntant à plein de jeux sans que ça ait une véritable pertinence.
  • Le côté RPG insatisfaisant.
  • Un backtracking ennuyeux et désagréable.
  • Bordel, c’est BEAUCOUP trop long !
  • Des boss relativement peu intéressants qu’on passera en bourrinant.
  • Une lisibilité constamment mise à mal.
  • Un menu absolument pas ergonomique.
  • Une impression de lourdeur, notamment lorsqu’on souhaite esquiver.
  • Carte « du monde » totalement impertinente.

POINTS POSITIFS

  • C’est très beau, surtout les environnements très variés.
  • Le doublage est réussi
  • Le contenu est énorme (bon, très souvent on aurait pu s’en passer, mais faut que je trouve des qualités, j’suis désolé…).
  • Les différentes armes du jeu amusantes à découvrir et à utiliser.

Afterimage, c’est un beau parleur. Un Metroidvania qui donne l’impression de répondre à un cahier des charges énorme, qui intègre élément sur élément de gameplay sans que cela soit harmonieux ou forcément pertinent. Au lieu d’avoir un jeu ultra complet qui aurait dû faire le bonheur des fans de Metroidvania, on se retrouve face à un titre décourageant, qui n’a que la forme pour attirer les faveurs (et l’argent). Brouillon, prenant d’absolument de partout. Afterimage n’est au final que la créature de Frankenstein du Metroidvania, un titre à éviter malgré ses quelques qualités évidentes.

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